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Si j'ose vivre pleinement mon deuil

Prier

Mort d'un proche : si j’ose vivre pleinement mon deuil...

Prière de réconfort lors d’un deuil 

Aujourd’hui, je ne porte plus la robe noire, signe extérieur de mon deuil,
 
Cette robe qui te disait :
 
"Je vis un temps bien difficile, je suis davantage fragile,
 
S’il te plaît, veille un peu sur moi."

J’enterre parfois mes morts si hâtivement que je me prive, en ma profonde tristesse,
 
De la présence d’amis, de frères, de sœurs, de chers parents.

Grande calamité, temps de déchirement, et pourtant…
 
Je m’arrache des bras qu’on m’ouvre, pour reprendre vitement mon boulot,
 
Fuir ma douleur, cacher ce grand trou dans ma poitrine,
 
Ce vide qui me gêne, qui me fait peur.

Je ne prends pas le temps de me donner du temps.

Mon cri funèbre est retenu, mon angoisse étouffée.

Je refuse l’occasion d’un silence, la durée d’un « Adieu ».

Pourtant vulnérable en cette secousse pénible, je me bouscule !

Pourquoi ?

Je me réclame de ma peine de façon individuelle, je ne sais plus invoquer Dieu ?

Le rite est devenue langue morte, le silence me fait peur, mes relations sont superficielles ?

Ma course quotidienne trop accélérée, je ne peux plus m’arrêter ?

Je ne sais pas…

Mais je sais que la peine chassée revient en sourdine,
 
Exige d’être mienne, persiste à cogner, cherche l’accueil,
 
S’installe au seuil de mon être et menace mon cœur fermé.

Je peux bien me doser de médicaments, ravaler… ignorer cette visiteuse, la nier…

Elle restera là et j’aurai un jour à l’apprivoiser, je devrai apprendre à la connaître…

Elle fait partie de moi, ma peine, elle a besoin de moi.

Vivre mon deuil, c’est peut-être me reposer… prier… dormir… communier… parler…

Entrer dans ce lieu secret en moi
 
Et faire place à celui qui m’a quittée, à celle qui s’en est allée.

Intérioriser mes bien-aimés, les porter, les continuer,
 
Les faire grandir et vivre encore, en moi…

Leur offrir une autre saison fleurie ou le temps d’une moisson.

La société qui m’entoure, frénétique, informatique, automatique, m’invite à passer outre…

La mort ? Tourne le dos ! c’est inutile… futile… perte d’énergie, de temps…

Le deuil est gênant.

Reprends vite ton salaire ! Souris, allez souris…

Un jour ou deux de larmes… ça suffit !

Prends-toi en main ! Tourne la page ! Un jour ou deux de congé…
 
Et puis allez, c’est fini !

Je pense à Marie, la Mère de Jésus, celle, qui, entourée des disciples de son Fils…
 
A pris le deuil, a partagé sa souffrance.

Marie, ma Mère, qui dans la nuit de ma Vie, m’accompagne dans l’Espérance…
 
Vers la Lumière d’une Pentecôte toujours actuelle sur le chemin de la félicité éternelle.

Choisir de vivre mes chagrins en Église …c’est m’accorder un soutien bien précieux.

Pourquoi marcher seule ?

Si j’ose vivre pleinement mon deuil, j’apprendrai peut-être à vivre pleinement ?

Ainsi, lorsque sonnera mon heure, j’aurai appris à mieux mourir,

A dire À DIEU, dignement !

Lysette Brochu
Regard de foi mai – juin 1989 Volume 85 – Numéro 3