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Pentecôte : Pyromanes de l'amour !

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Soyez Pyromanes de l'amour !


Quand nous lisons les évangiles pour la première fois, nous pouvons avoir l’impression que le Christ était un peu froid. Il semble parfaitement se contrôler et nous percevons mal ses émotions. Pourtant, il est animé d’une immense passion et il l’évoque ce soir. « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Luc 12, 49) Nous savons que le feu dont il parle n’est pas un feu destructeur comme celui que Jacques et Jean voulaient faire tomber sur les Samaritains devant leur refus de Le recevoir (cf Luc 9, 54) ? Jacques et Jean avaient entendu Jean-Baptiste dire de lui : « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » (Luc 3, 16).

Nous qui connaissons Jésus et Jésus crucifié et ressuscité pour nous, nous savons que le feu qu’il apporte est son AMOUR passionné pour chacun et chacune de nous. C’est un brasier ardent, dira Ste Thérèse. À travers tous ces gestes et ces paroles, durant les quelques années passées sur terre, il a essayé de nous révéler quelque chose de l’intensité de son amour divin pour tous et chacun de nous. Il nous a aimé comme le Père l’a aimé. Il nous a aimé le premier. Il nous a aimé de la crèche à la croix. Il nous aimé jusqu’au bout. Impossible d’aimer plus. C’est cet amour brûlant qu’il désire nous communiquer : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13, 34)

Ce soir, il nous redit son désir de nous transmettre sa passion, son feu. Nous savons que depuis sa résurrection et par l’effusion de l’Esprit, il a commencé à réaliser son rêve : Il allume et rallume en nous et en toute personne de bonne volonté, le feu de l’amour divin. Oui, Il nous rend capable d’aimer comme lui.

Qu’évoque cette image du feu qu’utilise Jésus pour nous dire sa passion ?

Comme le feu, l’amour de Jésus quand il se communique réchauffe les cœurs les plus glacés, les plus « refroidis » par les événements. Pensons aux disciples d’Emmaüs qui disaient : « Nos cœurs n’étaient-ils pas tout brûlant quand sur la route, il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32)

Depuis sa résurrection, Jésus répand la chaleur de son amour dans le monde à travers l’action généreuse des hommes et femmes de bonne volonté.

Regardez ces milliers de personnes engagées avec passion dans les ONG, ces organismes non-gouvernementaux qui apportent aide et espoir aux peuples en détresse. En se dévouant dans des organismes comme Médecins sans frontières, Amnistie internationale, Secours Catholiques, Vision mondiale, en s’engageant dans des congrégations religieuse comme Les missionnaires de la charité, des milliers d’hommes et des femmes deviennent des incendiaires de l’amour dans leur entourage. Ils réconfortent, restaurent, nourrissent les grands désespérés de la terre, par amour. Le Christ les a allumés un jour, même si plusieurs ne le connaissent pas.

Quand nous les regardons agir avec amour et compassion, n’est-ce pas qu’ils nous réchauffent le cœur et à travers eux, c’est le Christ qui nous fait partager son amour passionné pour les malheureux.

Une autre facette de cette image du feu : Comme le feu, l’amour peut facilement se communiquer. Voici un exemple : C’est l’histoire vraie d’un certain Ralph, racontée par l’abbé Denis Sonet, dans son livre L’Évangile au présent.

Ralph se prépare à sortir du restaurant où il vient de manger quand un inconnu lui demande à mi-voix : Est-ce que je peux finir les frites que vous avez laissées ? Le patron qui a entendu se fâche et dit à l’inconnu : Qu’est-ce que vous faites ici ? Mais Ralph, rougissant, commande une assiette de frites en disant au patron : je ne veux pas que cet homme mange mes restes. Au moment où il se prépare à payer, le patron lui dit : Non, je m’en occupe. Ralph va prendre son manteau et quand il passe devant l’inconnu pour sortir, il voit dans la nouvelle assiette, sur un épais tapis de frittes, un large beefsteak. Sur le seuil, le patron lui dit : « sans vous, je n’aurais jamais fait ca ?

N’y a t il pas autour de nous quelqu’un qui, par son exemple, a allumé en nous un jour, une petite flamme et nous a rendu un peu plus porteur du feu de l’amour.

Le feu que Jésus allume en nous, c’est aussi un feu merveilleux qui éclaire. N’est-ce pas une autre fonction du feu que de donner la lumière ? Le Christ allume un jour ou l’autre, dans le cœur de toute personne de bonne volonté la lumière de son Esprit. Sa parole vient un jour toucher le cœur et éclairer le sens de la vie. Elle révèle alors la nature même du Dieu-Amour et du même coup la grandeur et la dignité de l’être humain. Aimer, c’est révéler à l’autre sa beauté (Jean Vanier).

Notre beauté, Jésus nous la révèle en nous disant : vous êtes la lumière du monde. Il nous fait découvrir que nous sommes porteur d’une lumière intérieure, notre dignité d’enfants bien-aimés de Dieu, sauvés par pure miséricorde. Quel lumière brûlante en nous que de nous savoir l’enfant bien-aimé du Père. Quelle belle et bonne nouvelle à répandre dans un monde qui a perdu sa boussole.

Mais le feu de l’amour que le Christ allume en nous a un côté qui dérange. C’est un feu décapant. Parce qu’aimer, ce n’est pas dorloter, infantiliser les êtres aimés. Et la tendresse du Christ n’est pas une tendresse mièvre et maternante. Aimer, c’est aider quelqu’un à grandir, par lui-même, sans être constamment à le porter. En descendant sur terre, le Christ n’est pas venu en Père-Noël, avec un sac rempli de sucreries spirituelles. Et son Évangile n’est pas fait de paroles doucereuses. Il est venu mettre sur terre le Feu de l’Amour mais celui de l’amour vrai qui décape et qui émonde en faisant mal au passage.

Oui, son amour est un feu qui purifie. N’est-ce pas le rôle du feu de détruire les déchets dans les incinérateurs ? Les paroles du Christ ont parfois la puissance purifiante du feu : Si ton œil te scandalise, arrache-le ; malheur à vous qui êtes repus. Faites du bien à vos ennemis.

Son amour réalise en tout chrétien ce décapage. Sa parole crée un malaise devant la tentation, notre cœur devient tourmenté devant la vue du mal et souffre de ne pas aimer comme il est aimé.

La brûlure de cette souffrance est bienfaisante parce qu’elle purifie. Concrètement, quand nous sommes brulés par l’amour du Christ, nous devenons capable de dire « non » au nom de l’amour. Nous ne bénissons pas tout ce qui se fait dans le monde sous prétexte que c’est moderne, ou à la mode. Par exemple, nous serons capables d’exprimer notre désaccord vis-à-vis la jungle des lois du marché capitaliste, vis-à-vis le fléau des avortements, l’utilisation commerciale des embryons humains, l’adoption de lois trop restrictives en matière d’immigration, le suicide assisté. Le feu de l’amour vrai nous rend capable de le faire avec fermeté et douceur.

Jésus, lui qui est venu pour rassembler et non diviser, était conscient que parfois, dire « non » au nom de l’amour peut séparer pour un temps le mari de sa femme, la femme de son mari, l’enfant de ses parents. C’est une manière de leur dire qu’on les aime assez pour ne pas être complice de leur faiblesse ou de leur égarement.

Ce soir, prenons conscience que dans un monde qui gèle sous le givre de l’Individualisme ou du non-sens, Dieu le Père suscite toujours dans l’Église et dans le monde des personnes au cœur de feu. Rendons-Lui grâce, avec Saint Paul,  pour son amour manifesté en Jésus comme un Feu qui réchauffe, éclaire et purifie et bénissons-Le de continuer d’embraser aujourd’hui le cœur de millions d’hommes et de femmes de notre temps.

Prions-le de le rallumer sans cesse dans nos cœurs portés à se refroidir. L’Eucharistie est le lieu où le Christ se donne tout entier, avec son Corps et son Sang, avec son cœur brûlant d’amour, pour nous remettre le cœur en feu.
 
 
Père Gérard Busque Luc - Homélie 2006, Fraternité de Jérusalem à Montréal.
 
 
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