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L’art de la neuvaine

Prier

Neuf jours pour rendre grâce ou confier une intention

Habités par le désir de rencontre une personne avec qui fonder un couple, nombre de célibataires sont portés à implorer le ciel dans une prière insistante. Le Christ nous a lui-même appris à demander sans se lasser, à travers la parabole de la veuve importune (Luc 18, 1-8). "Si un juge inique se laisse, à la fin, convaincre par la prière d'une veuve, écrit Benoit XVI, Dieu, qui est bon, exaucera d'autant plus celui qui le prie. Dieu, en effet, est la générosité en personne, Il est miséricordieux et Il est donc toujours disposé à écouter les prières. Donc, nous ne devons jamais désespérer, mais persévérer toujours dans la prière ». Mais comment s’y prendre pour donner une forme à cette supplication ? Les neuvaines proposent une manière éprouvée pour ce faire.

Qu’est-ce qu’une neuvaine ?

Une neuvaine est d’abord une prière, dont l’originalité est de se prolonger neuf jours d’affilée, avec une intention particulière. Ses modalités sont très libres et chacun peut choisir de réciter telle prière particulière. On peut ainsi méditer un texte spirituel ou s’adresser à un saint pour solliciter son intercession. Historiquement, elle se rattache à un usage liturgique. Pour préparer les grandes fêtes, en particulier ­celles du Christ ou de Marie, on priait durant les neuf jours qui précédaient. Mais la neuvaine est aujourd’hui pratiquée aussi pour rendre grâce ou pour confier une intention. C’est une prière qui « insiste » comme Jésus invite à le faire.

Pourquoi neuf jours ?

Au Moyen Âge, on eut l’idée de résumer toute la Passion du Christ en quatorze stations. C’est une idée semblable qui, à la même époque, présida aux premières neuvaines : résumer les neuf mois de la maternité divine de Marie en neuf jours de prière contemplative avant la célébration du mystère de Noël. Mais les neuf jours font aussi référence au temps d’attente au don par excellence à demander au Père : l’Esprit saint. « Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion, quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11, 5-13).

Quel est le sens de la neuvaine entre l’Ascension et la Pentecôte ?

Dans les Actes des apôtres, il nous est en effet dit que les Douze « persévéraient dans la prière » avec Marie, mère de Jésus (Ac 1, 14). Et traditionnellement, on considère qu’il s’est écoulé environ neuf jours entre la disparition du Ressuscité et la descente de l’Esprit saint, comme c’est le cas aujourd’hui entre le jeudi de l’Ascension et le dimanche de la Pentecôte. Le chant du Veni Creator aux vêpres, la prière du soir, nous fait ardemment invoquer la descente de ce maître intérieur qui nous éclaire sur la volonté de Dieu en nous.

Comment comprendre cette prière qui insiste auprès de Dieu ?

Il existe des prières brèves comme le jet d’une flèche, ce qu’on appelle, d’un nom qui semble étrangement aujourd’hui, les oraisons jaculatoires. Rappelez-vous le cri des disciples sur la barque qui va couler : « Seigneur, au secours, nous périssons ! » (Mt 8, 25). Mais il existe aussi des prières longues qui peuvent se prolonger sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines ou plusieurs mois. C’est le sens de la prière de Jésus durant quarante jours au désert ou pendant plusieurs heures sur le mont Thabor. Cette persévérance dans le dialogue d’amour avec Dieu est conforme à notre condition ­humaine inscrite dans le temps.

Les neuvaines sont-elles un remède miracle ?

On peut adjoindre à la neuvaine une intention particulière. Comme toute prière, elle est toujours écoutée de Dieu et peut donc être exaucée, jusqu’au miracle. Cela dit, l’exaucement ne vient pas de la manière particulière dont nous nous adressons à Dieu, mais uniquement de l’authenticité de notre dialogue avec Lui. Du reste, lorsque nous progressons dans l’union avec l’Esprit divin, nous comprenons que le meilleur pour nous n’est pas nécessairement d’obtenir la grâce mentionnée au début de la neuvaine, mais peut-être tout autre chose, parfois même son contraire ! Jésus lui-même s’est subordonné au bon vouloir divin : « Non pas ma volonté, mais la tienne ! » disait-il à Gethsémani (Lc 22, 42).

Pourquoi certaines neuvaines s’adressent-elles à des saints ?

Toute prière au sens fort du terme ne peut et ne doit s’adresser qu’à Dieu. Cela dit, ­Jésus lui-même a voulu que certains hommes n’obtiennent telle grâce particulière que par l’intercession auprès de lui d’un plus proche. Ainsi, à Cana, Marie intercède auprès de Jésus (Jn 2, 3) en faveur des deux familles qui les ont accueillis au mariage de leurs enfants et qui vont « perdre la face » du fait du manque de vin. Il en est de même dans certaines prières catholiques qui s’adressent aux saints : nous demandons à l’un d’entre eux de se joindre à nous pour obtenir de Dieu telle grâce qui nous semble importante.

Quelles sont les plus connues ?

­Tout dépend des pays, des coutumes locales, de la sensibilité de chacun. Pour aujourd’hui, je renverrais volontiers aux diverses statues qui ornent l’intérieur de nos églises. À chacune correspondent des neuvaines connues et appréciées. Leurs noms vous sont familiers : Notre-Dame de Lourdes, saint Joseph, saint Antoine de Padoue, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, sainte Bernadette de Lourdes. Des livrets recensent des prières, mais il est conseillé de choisir ceux revêtus d’un imprimatur récent.

Quels sont les fruits spirituels de cette prière ?

Ce sont les fruits de toute prière vécue dans l’Esprit du Seigneur, des fruits de grâce, de conversion, de sanctification, et également d’exaucement ponctuel.

Le témoignage de Véronique, 38 ans, professeur des écoles

"J’ai commencé avec quatre amis à prier des neuvaines. Certaines de nos souffrances liées à notre célibat non choisi nous dépassaient. Nous avons donc décidé de faire des « opérations coup de poing » auprès de Dieu en unissant nos prières pendant neuf jours, avec la même intention : rencontrer l’âme sœur. En général, nous choisissons un texte d’Évangile que nous méditons pendant toute la neuvaine et auquel nous ajoutons chaque jour une dizaine de Je vous salue Marie pour confier notre intention à la Vierge. Lorsque je manque une journée – cela m’arrive quand je suis fatiguée –, je fais du « rattrapage » le lendemain pour rester unie aux autres. J’attends bien évidemment la réalisation de mon intention : la neuvaine est une manière de manifester à Dieu la profondeur de mon désir et d’insister auprès de Lui. Néanmoins, je lui demande aussi de m’aider à accueillir ce qu’il veut pour moi, convaincue qu’il veut mon bonheur. Ainsi, le premier fruit de cette prière pour moi a été une purification de mes désirs."

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