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La dépendance affective

S'interroger

Qu'est-ce que la dépendance affective ?

Pour commencer, il est important de reprendre la définition de la dépendance affective : la dépendance affective est une incapacité à la fois psychologique et émotionnelle à vivre sa vie par et pour soi-même. Cette attitude est caractérisée par un manque de confiance en soi et par une mauvaise estime de soi. Cette incapacité entraine la personne qui en souffre, à rechercher à l’extérieur d’elle-même les besoins et ressources dont elle pense manquer. La personne a besoin des autres pour pouvoir prendre des décisions, pour pouvoir passer à l’action et plus généralement pour exister !

La dépendance affective trouve son origine dans la période de l’enfance et dans les différentes phases de développement de l'homme et de la femme. Elle peut être engendrée pour plusieurs raisons.

Un problème d’attachement

Il trouve son origine dans la petite enfance (les 1000 premiers jours) au sein de laquelle le lien d’amour avec la personne maternante (généralement la maman mais pas uniquement) n’a pas été suffisamment fort et sécurisant pour l’enfant. On parlera alors de trouble de l’attachement.

Un manque de signe de reconnaissance

Il nait pendant l’enfance. Il entraine inévitablement une faible estime de soi et de confiance en soi. L’enfant n’a pas été suffisamment encouragé, valorisé et soutenu par ses parents pour pouvoir développer pleinement sa personnalité et ses capacités.

Différentes blessures : abandon, rejet, humiliation, trahison

Lorsqu’elles sont répétées, ces blessures peuvent aller jusqu’à créer des failles narcissiques (une grosse fragilité identitaire) chez la personne et générer des schémas comportementaux de type méfiance/abus.

Les symptômes de la dépendance affective

Pour identifier comment se manifeste la dépendance affective dans les actes et dans la relation, il est important comprendre qu'elle se révèle à travers des comportements très différents.

Comportements fuyants

La personne au comportement fuyant n’arrive pas à s’affirmer, à prendre des décisions par elle-même et ne sait pas se positionner face aux autres. Elle craint d’être jugée, a peur de se tromper, de ne pas bien faire ou dire, a souvent peur d’être rejetée. Elle préfère subir, s’écraser et se soumettre plutôt que de prendre le risque de déplaire à l’autre. Elle se situe très souvent dans la position de victime dans le triangle dramatique de Karpman.
Son processus va consister à toujours se déresponsabiliser en rejetant la faute sur les autres, sur les évènements, sur l’extérieur, sans jamais se remettre en cause et n’assumant jamais sa part de responsabilité. La personne dépendante affective ne prend pas toute sa part dans la relation, c’est-à-dire les 50 % qui lui incombent. La dépendance affective dans le couple va se traduire par prendre la place du « bon objet » de l’autre. La stratégie va être de tout faire pour conserver l’amour et la reconnaissance de l’autre en s’effaçant et en évitant le conflit et l’opposition. Elle va se caler systématiquement sur les besoins et désirs de l’autre sans tenir compte des siens. Cela revient à être toujours gentil(le) en relation mais absolument pas bienveillant. Or, dans ce mode de relation, il faut bien comprendre que la personne n’existe qu’à travers l’autre, ce qui signifie que si l’autre disparait ou met un terme à la relation, la personne n’existe plus. Elle va rentrer dans un processus de décroissance. La rupture risque de provoquer une dépression, une addiction, voire dans les cas les plus graves, des risques de suicide.

Comportements contrôlants

Le contrôlant craint tellement d’être abandonné et/ou trahit qu’il adopte l’attitude de vouloir tout contrôler. Il se sent terrifié quand il est attaché à l’autre et qu’il ressent que sa vie dépend « en partie » de l’autre. Il va donc chercher à tout contrôler, à contrôler les actions de l’autre, ses comportements, ses relations sociales… Il adopte des comportements de type manipulation, il exerce des jeux de pouvoir dans le but de toujours obtenir ce qu’il veut. Il va vivre très fréquemment des débordements émotionnels quand l’autre lui dira « non » et lui résistera. Il sera souvent habité par des émotions de type colère, rage ou encore de haine.

La personne vit une telle angoisse liée à son insécurité relationnelle, qu’elle va chercher à tout maitriser à l’extérieur pour pouvoir calmer ce qu’il se passe à l’intérieur d’elle-même (notamment ses angoisses et émotions). Elle va se situer dans la posture de bourreau dans le triangle de Karpman. C’est la personne qui fait plus que sa part dans la relation. Elle cherche à imposer à l’autre son point de vue et lui exige de satisfaire ses propres besoins et désirs sans tenir compte de ceux de l’autre. Elle nie l’autre en tant qu’individu dans la relation. Elle positionne l’autre en tant que « mauvais objet » et elle existe essentiellement dans l’opposition à l’autre.

L’apparition des premiers conflits se fera assez rapidement dans la relation. Dans un premier temps, ils seront mineurs et de l’ordre du désagrément, générant alors de la déception, du regret : on est gêné, on est fâché…

Mais rapidement, cela peut se traduire par des conflits majeurs qui relèvent de la souffrance psychique. Le contrôlant, par des mots blessants, va porter atteinte à l’intégrité morale de l’autre ; avec des conséquences dommageables pour la relation et un risque important de rupture !

Les personnalités de types « pervers narcissiques » se situent clairement dans cette catégorie de comportement.

Différence entre pervers narcissique et dépendant affectif

J’en profite au passage pour clarifier un point à ce sujet car je constate que la majorité des personnes confondent « pervers narcissiques » avec une personne affectivement dépendante ayant des comportements de manipulation et prise de pouvoir.

Dans le 1er cas, la personne tire une jouissance de la souffrance de l’autre, elle se nourrit du malheur de l’autre, elle aime faire du mal et elle ne ressent absolument aucune culpabilité quand elle fait souffrir l’autre. Elle recherche son bien en manipulant et en abusant de l’autre.

Dans le 2ème cas, la personne a certes des comportements de manipulatrice, mais ne le fait pas consciemment et volontairement. Ce comportement est induit par une peur viscérale d’être abandonné(e) ou trahi(e). La personne n’arrivant pas à vivre cette insécurité et angoisse dans la relation, va chercher à contrôler l’autre. Or, celle-ci ressent quant à elle du regret et de la culpabilité quand elle blesse l’autre et elle accepte aussi de s’excuser ou de demander pardon. Elle souffre de faire du mal à l’autre. Elle recherche son bien malheureusement parfois au détriment du bien de l’autre.

Comportements de surinvestissement

Ne se sentant pas digne d’être aimée et jamais suffisamment à la hauteur, la personne va donc chercher à en faire toujours plus. Elle va surinvestir la relation, cherchant à surcompenser ce sentiment de ne jamais être à la hauteur.
Elle adopte cette stratégie pensant qu’en agissant ainsi, elle suscitera forcément en échange, l’amour et la reconnaissance de l’autre. « L’autre ne peut que m’aimer si j’en fait toujours plus pour lui ». Toutes ses actions sont motivées par une attente permanente d’être reconnu par l’autre. Elle s’évertue de toujours être appréciée pour ne surtout pas prendre le risque de décevoir et donc d’être rejetée ou abandonnée.
Cette posture se situe plutôt dans la position du sauveur qui fait toujours plus que sa part. Or, quand l’autre ne reconnait pas tout ce qu’elle fait pour lui, elle va se positionner en prenant le rôle de victime, se plaignant d’être mal aimée et incomprise, pour ensuite devenir le persécuteur qui va accuser, blesser et attaquer l’autre. Cette personne est toujours dans une attente démesurée de reconnaissance affective !

Comment sortir de la dépendance affective ?

Maintenant que nous avons identifié par quels comportements se manifeste la dépendance affective, la question est de savoir comment en sortir et changer ces comportements d'asservissement ? Quels sont les exercices concrets pour vaincre la dépendance affective ?

3 étapes pour guérir de la dépendance affective

Prendre conscience de votre situation

Valable pour tout type de changement, cette étape consiste à prendre conscience de votre situation de dépendant/e affectif/ve dans vos relations. C’est le point de départ.

Identifier vos fonctionnements dépendants

Il s'agit d'observer comment cette dépendance se traduit concrètement dans votre vie, dans des situations et des contextes précis. Il sera nécessaire de prendre conscience de vos schémas de fonctionnements. D'identifier les liens qui existent entre vos croyances (confiance en soi, estime de soi, valeur etc..), vos émotions (peur, angoisse, anxiété, insécurité), vos comportements et vos réactions automatiques.

Travailler vos émotions, vos croyances, votre estime...

Après avoir identifié ces liens, cette nouvelle étape consiste à travailler survos émotions, vos blessures, vos croyances limitantes, sur la confiance en vous, sur l’estime de vous. C’est par le passage à l’action et en traversant vos peurs que vous allez pouvoir améliorer la confiance en vous ; en recevant et en vous donnant des signes de reconnaissance par des passages à l’acte. Il vous faut oser prendre le risque de la relation pour guérir de votre dépendance affective !

Il est important de comprendre que vous avez besoin de vous attacher à l’autre dans la relation pour pouvoir travailler vos comportements de dépendance affective.

Comme j'aime à le répéter : « On ne dépasse pas la dépendance affective dans le célibat », ce n’est pas possible !

Ce travail de thérapie peut prendre du temps, des mois, voire des années. C’est un chemin qui est souvent long et parfois difficile. C’est pour cela qu’il faut être patient et bienveillant envers soi et envers l’autre. Savoir se féliciter de chaque progrès, de chaque petit pas sur le beau chemin de la relation.

Je vous souhaite un très beau chemin  ! 

David Miquel coach et thérapeute 

David Miquel, coach et thérapeute 

 

 

 

 

 

 

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