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Célibataire chrétien : comment gérer la solitude et l'attente ?

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Célibataire : la gestion de la solitude et de l'attente

Le célibat, en lui même, n'est pas un état normal, il est censé être un état de transition, d'attente des épousailles, car la volonté de Dieu en créant l'homme et la femme, est qu'ils soient "unis dans les liens sacrés du mariage" :

"Il n'est pas bon que l'homme soit seul : je lui ferai une aide semblable à lui." (Genèse 2,18).

Pourtant, comme chacun le sait, il y a beaucoup de célibataires et plusieurs sortes de célibat.

Célibat consacré ? 

Le célibat consacré que Jésus décrit comme étant un signe préfigurant le royaume est un état souvent convoité par des jeunes cherchant un idéal de vie toute donnée à Dieu. Mais, encore trop souvent à mon avis, c'est une recherche de vie idéale ne tenant pas suffisamment compte de notre état intérieur réel. J'ai souvent vu de toutes jeunes filles sacrifier leur vie sur l'autel de ce genre d'idole que peut devenir la vie religieuse (l'idolâtrie, c'est, dans sa vie, donner à quoi que ce soit autant, voire plus d'importance qu'à Dieu lui-même. Or, rien n'a plus de poids, plus d'importance, rien n'est plus décisif pour notre vie que Dieu).

Le célibat est-il naturel ?

Je sais bien que je vais en choquer plus d'un en disant ces choses, mais le choix du célibat n'est pas un choix normal, je veux dire naturel. Il ne doit être envisagé, que par appel très spécial du Seigneur et en pleine connaissance de cause, dans une possibilité de choix vraiment libre. Trop de personnes ont été blessées et dégoutées définitivement de la vie chrétienne par des consacrés qui ne l'étaient pas vraiment et qui en tant qu'éducateurs, accompagnateurs ou responsables spirituels, ont fait des ravages par leurs comportements exempts de cette charité et de cette miséricorde que devraient montrer ceux qui veulent ici-bas être des signes tangibles du royaume. C'est un état de vie extrêmement exigeant et qu'on ne peut pas choisir à la légère. Trop souvent aussi, j'ai vu des personnes le choisir pour fuir inconsciemment le difficile combat que doit mener toute personne pour aller jusqu'au bout de son identité d'homme ou de femme. Le Seigneur, notre époux, ne veut pas nous épouser si nous ne sommes pas bien établis dans notre genre masculin ou féminin, développant ainsi chacun ce qui fait que nous avons été créés à l'image de Dieu, que nous sommes tous appelés à refléter.

A l’image de Dieu

"Porter l'image de Dieu concerne tout le monde. Vous pensez peut-être que je fais premièrement, sinon exclusivement, référence au mariage. Même si j'évoque l'alliance conjugale comme une expression de l'image de Dieu, j'aime avant toute chose affirmer clairement qu'une personne seule porte l'image de Dieu aussi pleinement qu'une personne mariée. Nous sommes tous appelés par Dieu à travailler sur ce qui fait notre spécificité de genre en relation avec l'autre genre. Au sein de cette interaction, nous découvrons comment Dieu pourvoit dans notre solitude et le besoin concret de quelque chose que l'autre procure et que nous ne possédons pas." Andrew Comiskey

L’alliance

Dans le choix de la vie consacrée, il est impératif donc que Dieu devienne pour nous Celui qui va combler totalement ce manque que nous trouvons normalement dans la relation avec l'autre sexe. C'est pourquoi, je trouve providentielle l'intuition des fondateurs des communautés nouvelles permettant de vivre une forme de mixité. Cela favorise le développement de relations d'amitié vraies, qui sont une autre sorte d'alliance, et qui permettent de vivre de façon interdépendante avec le genre opposé.

"On peut être un cadeau précieux pour l'autre sans intentions ou attitudes romantiques." (A. Comiskey op. cit.)

Le célibat non choisi

Tout ce que je viens de dire est valable aussi pour les personnes qui sont en train de vivre un célibat imposé comme on en trouve de plus en plus dans notre société occidentale. En effet, le progrès qui consiste à pouvoir choisir librement son époux ou son épouse, est à double tranchant. De plus en plus de personnes ne trouvent pas celle ou celui qui leur convient et il y a de plus en plus de "vieilles filles" et de "vieux garçons". Il y a aussi ces "nouveaux" célibataires que sont les "solobataires", c'est à dire les personnes divorcées ou veuves. Ces situations de solitude sont cause de grandes souffrances. 

Et le bonheur ?

La souffrance de la solitude et l'angoisse qu'elle génère peuvent être telles que ces personnes cherchent à échapper à leur triste "sort" en mettant tous leurs espoirs dans le mariage ou le remariage. Cela peut être une conduite idolâtre qui les pousse à croire que quand ils auront enfin rencontré l'homme ou la femme de leur vie, le bonheur sera assuré. Ils ont beau savoir et même constater dans leur entourage que ce n'est pas forcément le cas, ils ne peuvent s'empêcher de convoiter en permanence cet état de vie, dans un sentiment de frustration grandissant au fil du temps.

Une vie d’attentes

Le célibat est donc pour le célibataire chrétien un moment privilégié pour apprendre la gestion de ses  émotions liées à la peur et à la solitude et la gestion de l'attente. Car, il faut cesser de se faire l'illusion que lorsque l'époux (l'épouse) qui tarde à venir sera enfin là, on n'aura plus rien à attendre. Le célibat est un des moments d'attente important dans notre vie mais ce n'est pas le seul. En fait, nous passons beaucoup de temps toute notre vie à attendre quelque chose qui tarde à venir. Nous attendons la naissance d'un enfant, nous attendons le retour de celui qui est parti en voyage, nous attendons de trouver du travail, nous attendons de retrouver la santé, nous attendons d'avoir fini la construction de notre maison, nous attendons notre avion, l'époux attend que son épouse soit prête pour s'unir à elle, nous attendons la venue des beaux jours, et finalement nous attendons la mort. Et si nous avons été de bons élèves, de bons disciples du Seigneur et donc de l'Esprit Saint qui nous a été donné pour nous apprendre toutes choses, alors nous seront des experts dans l'art d'attendre dans la joie et l'espérance, même quand nous seront âgés et en attente de départ pour la maison du Père. 

Chers célibataires chrétiens, si vous deviez vous mettre une note sur votre manière d'attendre actuelle, laquelle vous mettriez-vous ?

Avez-vous réussi l'épreuve ?

Êtes-vous fiers de vous ?

Guérir et apprendre

Il n'est pas trop tard pour devenir un excellent disciple ! En effet, gérer la solitude et l'attente, cela s'apprend, ça s'apprend dès notre plus jeune âge, mais il n'est jamais trop tard pour commencer à se former.

Il faut d'abord faire une évaluation de notre état. Constater les failles, ne pas s'en désespérer mais les exposer à la guérison et à la consolation. Il n'y a rien dans nos comportements que Dieu ne puisse guérir. Mais ce qui nous revient, c'est de croire, alors que tout nous pousse à penser l'inverse, que nous ne sommes pas seuls, que nous ne l'avons jamais été et ne le serons jamais. La certitude de la présence réelle de Jésus en nous et à nos côtés ne doit plus dépendre de nos ressentis. Ce ne sont pas nos impressions et nos soi-disant certitudes qui doivent gouverner nos vies. Apprenons à être heureux en toutes circonstances même quand nous sommes frustrés. Apprenons à "positiver" tout ce que nous considérions comme négatif jusqu'à présent.

Mettre ce temps à profit

Il m'arrive de dire aux célibataires chrétiens que j'accompagne, profite de ton célibat tant qu'il dure, pour faire ce que tu as envie de faire et que tu ne pourras plus faire quand tu seras marié. Va au cinéma, va chiner à n'importe quelle heure, fais la grasse matinée, apprends à cuisiner et à coudre, pars en voyage, fréquente les endroits où tu peux te ressourcer spirituellement, visite les malades, occupe toi des pauvres et prend du temps pour prier et étudier la bible, mets-y toute ton ardeur car quand tu y auras pris goût, tu trouveras que tu n'as plus assez de temps pour t'y plonger.

Ouvrir notre cœur

Mais surtout, que ce temps du célibat soit mis à profit pour guérir, apprendre à se faire consoler quand on souffre, sortir de la mauvaise gestion de nos angoisses et particulièrement les dérives sexuelles. Laissons aussi le Seigneur visiter notre désespoir et notre colère profonde pour ne pas risquer de les reporter sur notre conjoint et nos enfants quand sera venu le moment. Soyons conscient que lorsque nous désirons nous marier, nous désirons trouver quelqu'un qui soit capable d'aimer ce qui n'est absolument pas aimable en nous ! Ce quelqu'un qui devra nous aimer quand même, préparons-nous à lui faire miséricorde s'il n'y arrive que difficilement. Laissons tomber dès à présent nos exigences, notre insatiabilité, notre désir permanent qu'on nous aime. Dieu seul peut répondre à ces critères, donc commençons dès à présent à jouir de ce qu'Il peut nous donner.

Où poser la barre ?

Je constate aussi assez souvent, quand j'écoute des célibataires chrétiens, qu'au fur et à mesure que le temps passe, ils deviennent de plus en plus exigeants quand aux qualités qu'ils attendent d'un éventuel futur partenaire. Ils perdent une certaine insouciance qui fait que lorsqu'on est jeune on peut plus facilement épouser quelqu'un sans trop regarder à ses défauts. On se contente d'être amoureux et cela nous suffit même si on s'était juré de ne jamais épouser un médecin ou quelqu'un d'une autre religion, comme c'était le cas pour moi. Mais aussi parfois, comme le temps passe et qu'on est angoissé à l'idée de ne pas pouvoir avoir un enfant si on se marie sur le tard, on de vient prêt à manquer de prudence et à épouser quelqu'un qu'on sait être fragile et très blessé, et donc on prend le risque d'être malheureux, pour ne pas manquer une occasion de fonder une famille, espérant que Dieu fera en sorte que, d'une manière magique, le mariage réussisse.

Confiance…

Un grand secret pour être heureux est de savoir dire oui à notre vie telle quelle est au moment présent même si c'est douloureux. La présence ou non de souffrance n'est pas un critère de bonheur. Notre vrai malheur, je ne me lasserai jamais de le répéter, générés par les circonstances difficiles et les épreuves dont nos vies sont faites, est de laisser les souffrances nous séparer de Dieu. Si nous nous servons du prétexte de la souffrance pour nous éloigner de Dieu, alors nous sommes vraiment malheureux ! Nous posons sans cesse la question : "Pourquoi ? Pourquoi Dieu a-t-il organisé ma vie ainsi ?" et nous nous servons de cette question restée le plus souvent sans réponse pour nous révolter contre Dieu et refuser notre vie telle qu'elle a été, telle qu'elle est et telle qu'elle sera. Evoluons, devenons plus matures et transformons cette question en une autre qui se révèle primordiale : "Comment ? Comment faire pour vivre ce que j'ai à vivre et que je ne veux pas et ne peux pas vivre ?" Quand Marie a posé cette question à l'ange qui lui annonçait une vie impossible à vivre humainement, la réponse ne s'est pas fait attendre. 

"Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre." (Luc 1, 35).

Invoquons l’Esprit Saint

Mes très chers célibataires chrétiens, n'attendons plus, invoquons cette puissante onction de force que l'Esprit Saint veut nous communiquer, exposons-nous à son action, que le feu de Dieu vienne embraser nos cœurs et nos vies toutes entières et que le Christ prenne réellement vie en nous. L'Esprit Saint est amoureux de nous, il veut nous embellir pour le jour des noces et faire en sorte que lors du dévoilement et de l'union nous soyons trouvés beaux et resplendissants pour notre bien-aimé ! Ne perdons jamais de vue que le sens de tout ce que nous vivons se trouve dans le but ultime que Dieu poursuit et auquel Il nous prépare : les épousailles éternelles. Chaque état de vie, que ce soir la vie consacrée dans le célibat, le célibat non choisi ou le mariage, peut et doit être un chemin d'union à Dieu.

Dans toutes nos attentes, n'oublions pas que c'est Lui que nous attendons, le bien-aimé de nos âmes, Celui qui seul peut combler toutes nos attentes, dont l'amour est parfait et sans faille, Celui qui nous aime quand même fidèlement alors même que nous Le rejetons et Le renions. En réalité, c'est Lui qui nous attend ! Rendons-nous présents à Sa présence. Ne le faisons donc plus languir et accourons vers Lui, jetons-nous dans Ses bras, disons-Lui combien Il nous a manqué mais surtout écoutons-Le nous dire à Son tour combien l'attente Lui a semblée longue !

Anne MERLO

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