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Reconnaître le grand amour : clés de discernement

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Quels critères de discernement pour identifier le grand amour ?

Inquiétés par la double peur, d’une part de risquer de passer à côté du bonheur, et d’autre part de s’engager dans un chemin qui risquerait d’être malheureux, le pas de l’engagement est parfois difficile à franchir. Comment identifier l’homme ou la femme de sa vie, la personne avec laquelle construire un foyer chrétien harmonieux et la différencier de situations compliquées dans lesquelles on serait capable de s’avancer par simple désir de vivre l’amour plutôt que par vocation d’aimer cette personne-là  ?

Première clé : don ou captation

Ne craignons pas de mettre la relation en question. Mieux vaut attendre le grand amour que s’engager sans discernement dans une situation qui serait cause de déchirement intérieur. Oser voir en vérité la qualité du lien : s’agit-il d’un amour de don réciproque, ou l’un des deux est-il dans le don jusqu’à la moelle alors que l’autre est dans la captation, prenant ce dont il a besoin mais sans s’offrir ou s’engager en échange ?

Deuxième clé : le discernement ignatien

Un cheminement fondé sur la volonté de se conformer à la volonté de Dieu, la réflexion et la connaissance des situations envisagées, -le choix se posant entre différentes situations bonnes, car aucun discernement ne peut conduire au mal-, permet d’envisager la relation avec réalisme. Selon Saint Ignace de Loyola, la lumière et l’orientation se font notamment à la « boussole de la joie ».

Le grand amour, source de joie et de paix

Cette boussole intérieure, confiée à l’intervention de l’Esprit Saint et de l’Ange Gardien, offre un discernement précieux, encore faut-il accepter de l’accueillir, de s’y ouvrir. Il existe certains indices simples pour le choix du conjoint chrétien : lorsque je passe un moment avec cette personne, lorsque j’envisage l’avenir avec lui ou elle, quelles sont les émotions qui m’habitent ? Mon cœur est-il rempli de sérénité, de paix intérieure et de joie ou suis-je envahi de combats intérieurs, d’inquiétudes, de trouble ? Une relation est une interaction dans laquelle chacun est reponsable, agit et réagit. Votre relation est révélatrice de ce qui vous anime profondément. Les émotions qui ont été mises en jeu au sein de votre relation parlent de vous ! Le déclencheur de vos émotions, certes, c’est la situation, la relation, l’expérience, l’autre… Mais l’origine, c’est vous-même, votre besoin, votre passé, vos blessures. Vous pouvez parfois discerner que vos blessures respectives peuvent sournoisement se faire écho. Ainsi, un besoin d’être rassuré avant de s’engager, peut s’opposer à un besoin d’engagement préalable pour être rassuré. Un cercle infernal qui ne peut être rompu que si chacun reprend paisiblement ses distances pour pleinement "habiter sa terre" (Psaume 36-3). Oser ne pas s’accrocher à une relation qui ne fait pas de bien et croire en confiance que le Seigneur proposera un autre chemin plus tard.

Questions et ajustements sont naturels

Lors de la rencontre de l’âme sœur, il est naturel que le mariage envisagé pose des questions qu’il faudra régler : quel sera notre lieu de vie ? L’un de nous devra-t-il quitter sa région pour rejoindre l’autre, et lequel ? Comment vivrons-nous la prise d’indépendance par rapport à nos familles, comment gèrerons-nous nos finances ? Désirons-nous des enfants, et s’il y en a déjà, comment harmoniserons-nous la nouvelle vie familiale ? Etc. Cependant, ces questions sont envisagées en commun dans la compréhension et l’accueil mutuels. Même si l’on est confrontés à une situation compliquée sur le plan matériel, la recherche de solutions n’est pas source de trouble, de réactivités, de combats, de discorde, mais mise en lumière des besoins de chacun, écoute, respect, et occasion de vivre l’amour en vérité et dans le concret.

Les différences ne sont pas forcément des obstacles

Par ailleurs, un couple n’est pas constitué de deux copies conformes l’une de l’autre : chacun a des besoins, des centres d’intérêts qui lui sont personnels et tout n’est pas forcément partagé à la même mesure. Les aspects où nous sommes différents sont-ils à l’origine de tensions profondes (par exemple s’ils concernent les convictions, les choix moraux) ou peuvent-ils être abordés sereinement et chacun pourra faire un pas vers l’autre tout en restant lui-même, dans une relation harmonieuse ?

Troisième clé : un cheminement à travers des « oui » successifs

On ne peut se « marier au premier regard », sur un coup de foudre, un attrait mutuel. Il est nécessaire de connaître l’autre en profondeur, ce qui ne peut être que le fruit d’un cheminement progressif, fondé sur la transparence, la vérité, la confiance, le non-jugement. Dans un climat où chacun se sentira accueilli pour se révéler à l’autre, la moindre des révélations ou découvertes sera l’occasion d’un « oui » nouveau. Au premier rendez-vous, ce que nous connaissons l’un de l’autre nous donne-t-il envie de poursuivre un chemin de rencontre ? Si oui, retrouvons-nous. Par la suite, comme des cols que l’on franchit successivement lors d’une randonnée en montagne, chaque étape sera à la source d’un « oui » nouveau : puis-je accueillir tel aspect de ton caractère, de tes besoins, de tes aspirations, voire de ta santé, de ta situation matérielle ou familiale, ou autres ?

Le grand amour : donner son oui

Tant que le consentement définitif n’a pas été posé, chaque passage de col, chaque question nouvelle, qu’elle se conclue par un oui ou par un non, constituera une clé afin de discerner. Est-ce bien lui ou elle le grand amour de ma vie selon le cœur de Dieu ou cette question nouvelle me place-t-elle devant une impasse ? Le discernement permet alors de poser un choix libre : allons-nous ou non continuer la route vers le mariage ? C’est par la maturation d'un oui qui sourd en dedans et qui doit investir le moindre recoin de l’âme, lorsque tous ces « oui » ont été donnés, baignés de joie et de sérénité, au cœur d’un amour de don où chacun aime l’autre en profondeur dans tout ce qu’il est, que l’engagement peut prendre forme vers la grandeur du « oui » sacramentel.

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